Tryptique racinien
Le théâtre Racinien ne parle pas specifiquement d’amour, d’inceste, de meurtre, de dieux et demi dieux. Sa fonction n’est pas et n’a jamais été narrative.
L’ordre ancien dont parle Racine est celui de passions à purger, de sacrifices humains et de guerres, où la catharsis prend tout son sens.
Cet ordre ancien, Racine l’explicite et le décline neuf œuvres durant. Si il passe autant de temps à le définir, c’est pour lui trouver une solution, interroger un monde nouveau, briser le cycle, faire naître de nouveaux héros et de nouveaux récits..
Dans la poursuite de cette interrogation, le metteur en scène que je suis, marqué par l’insularité, le riacquistu, mais aussi par les luttes fratricides et l'ingérence étatique et mafieuse, est parti du principe que dans les grecques de Racine, on voyait la Corse.
Le théâtre Racinien fait la part belle aux innocents, et fusille les lois du sang, de l’honneur, des pères, de Dieu.
La tragédie est essentiellement procès de Dieu, procès infini, suspendu et retourné. “Tout héros tragique naît innocent; il se fait coupable pour sauver Dieu.” Chez Racine, la culpabilité du héros est une nécessité fonctionnelle - car si l’homme est pur, Dieu est impur et le monde se défait” (Roland Barthes, Sur Racine). Les héros meurent pour les innocents, les opprimés deviennent les nouveaux rois, ceux qui amèneront un monde plus juste ; les conseillers et les injustes, eux, périssent. L’ordre est bousculé, au prix de grands sacrifices.